Don Mathieu Santini étudie la patrimonialisation et la compréhension des récits mythiques corses issus de l’oralité, en s’appuyant sur une cosmologie traditionnelle. Son travail poursuit deux visées complémentaires : restituer à ces récits leur dimension sacrée originelle, souvent occultée par la modernité, et rendre compte de leur complexité en articulant leur essence et leurs modalités de transmission. Le pivot théorique de sa recherche repose sur une catégorisation fondée sur une cosmologie bipartite — milieux visible et invisible — où les mythes mettent en scène la transgression de l’un à l’autre. En considérant ces récits à l’aune des conceptions qui les ont engendrés, l’on met au jour une structure sous-jacente, un « palimpseste sémiotique », qui fonde la classification. Largement transposable à d’autres cultures populaires d’Eurasie, ce modèle invite à reconsidérer le mythe non comme un simple folklore, mais comme une fenêtre sur un système de croyances complexe, organisé par la relation entre visible et invisible.